Saturday Night Fever: jeune biche pas farouche, chœur de grenouilles et bande de sauvages
Par Jeronimo le mercredi 28 juin 2017, 14:08 - Lien permanent
Une soirée pas comme les autres, qui donne à penser sur des tas de sujets: la nature animale, la nature humaine etc.
Je ne le savais pas encore, mais le samedi passé allait être le dernier où
j'allais camper dans la neige, du moins à la date où j'écris.
J'avais donc passé la journée typique à progresser lentement, tant à cause des
appuis incertains que des innombrables pauses pour assurer ma navigation.
Après douze d'efforts, vers 17h30, j'ai aperçu un endroit un peu déneigé au
bord d'un ruisseau, sur le côté d'une clairière, exposé de telle sorte que le
soleil allait y donner encore deux heures; l'endroit parfait pour me poser et
faire sécher mes affaires...
Une heure plus tard, une jeune biche a traversé cette clairière et s'est
dirigée vers le ruisseau, semblant ignorer ma présence toute proche; le
mouvement que j'ai fait pour prendre mon appareil photo l'a alertée et elle
s'est enfui. Mais quelques plus tard, un bruit de branchage me l'a signalée de
nouveau, plus proche encore, avant qu'elle ne s'enfuit de nouveau. Ce manège
s'est répété toute la soirée, s'approchant toujours plus et s'enfuyant dès que
je faisais un mouvement. Pendant la nuit, elle m'a réveillé plusieurs fois en
fourrageant tout près de ma tête, au point qu'à un moment elle a buté dans ma
popote... Je suppose que mon chouette campement était aussi son coin de
pâturage favori, dans un paysage enneigé où l'herbe est encore rare...
Au ballet de cette jeune soliste s'est ajouté le chœur des grenouilles de la
clairière qui chantaient crescendo leur canon en rythme avant de s’arrêter,
puis de reprendre.
Soudain, au milieu de cette ambiance paisible, vers 19h30 et alors que je
m’apprêtais à me glisser dans mon duvet, j'ai entendu une musique tonitruante,
avant même d'entendre un bruit assourdissant de moteurs. J'ai eu du mal à
comprendre ce qui se passait avant de voir déboucher dans ma clairière deux
"Monster Trucks", ces véhicules tout-terrain avec d’énormes roues au sommet
desquelles ils semblent tout petits:
Pour rouler dans cette hauteur de neige, les conducteurs devaient pousser
les moteurs à fond; pour entendre leur musique, il fallait qu'elle soit à plein
tube; pour se parler par dessus tout cela, il fallait que les occupants
hurlent.
Le conducteur du premier véhicule m'a aperçu et s'est dirigé vers moi. Depuis
l'autre côté du ruisseau, il m'a interpellé pour me demander ce que je faisais
là; vu le volume sonore il était difficile d'estimer si son ton était
bienveillant ou non. Quand j'ai répondu que je faisais le PCT, il m'a proposé,
toujours en hurlant par dessus la musique et les moteurs, une bière. Il a
galamment ajouté qu'il ne me proposait pas une fille, vu qu'il n'en avait que
deux pour cinq gars, ce qui a semblé faire rire les intéressées!
Nous nous sommes mutuellement souhaités de nous amuser (Have fun!) et ils sont
repartis, me laissant méditer d'abord sur le mauvais tour qu'aurait pu prendre
la situation si leur conception alcoolisée de l'amusement avait impliqué de le
faire à mes dépens, ensuite sur les limites du droit de chacun à s'amuser,
quand il s'agit de ruiner l'environnement des autres.... Ils sont repassés
quatre heures plus tard sans s’arrêter; je suppose qu'ils avaient eu leur dose
d'amusement monstrueux.
J'ai été plus tranquille le reste de la nuit, une fois qu'ont pu reprendre l'agitation de ma biche et les répons des grenouilles .
PS: billet révisé le 24.X.2017 et actualisé avec une photo